Q&R Exclusif de Trusted Magazine avec Gwladys Johnson, Co-fondateur @AG MEDIAS CONSULTING SAS
Comment pourriez-vous décrire votre parcours professionnel en quelques mots ?
Probablement avez-vous entendu parler de ces personnes qui donnent l’impression de vivre plusieurs vies en une seule ? Professionnellement, je suis l’une d’elles.
Je suis journaliste, chef d’entreprise et oratrice publique. Cependant, à ma sortie de l’université, il y a une dizaine d’années j’avais deux parchemins ; l’un d’administration des finances publiques et l’autre de droit privé. Ne vous inquiétez pas si vous ne voyez pas le lien entre les deux ou avec mes métiers, moi-même je n’en vois pas, et il n’y en avait pas probablement.
La jeune diplômée que j’étais avait le choix entre suivre le circuit classique des stages pour intégrer la vie active ou s’appuyer sur l’ensemble de ses compétences pour répondre immédiatement aux besoins du marché professionnel.
J’ai fait le second choix, celui de l’adaptabilité. Il m’a permis, après une parenthèse d’assistance virtuelle, de combiner mes compétences d’écriture à ma passion pour les énergies renouvelables. J’ai intégré l’Agence Ecofin, et pendant 7 ans, j’ai été le responsable du desk énergies renouvelables et électricité en Afrique.
A cette période, j’ai également cofondé, avec mon associé, Aaron Akinocho, notre première entreprise de fourniture de contenus journalistiques.
Cette aventure assez intéressante s’est achevée en 2019 avec le crash de notre première entreprise, mon départ d’Ecofin et la création dans la même foulée de notre seconde compagnie AG Médias Consulting. Entrepreneur un jour, entrepreneur toujours !
AG Médias Consulting est la voix de ceux qui font bouger les choses. Nous permettons à ces acteurs du changement de faire plus d’impact en racontant leurs puissantes histoires de manière appropriée.
En tant qu'agence de presse, nous développons également nos propres produits. Comprendre Media, est l’un des médias en lignes développées et animées par AG Medias Consulting. Il aide les décideurs et les citoyens africains à faire de meilleurs choix en les éclairant sur les enjeux de développement auxquels est confronté le continent.
Cette nouvelle aventure est également celle de l’expansion et de la diversification. Elle a ouvert mes yeux sur une compétence qui permet de surmonter l’une des trois plus grandes peurs de l’humanité, la prise de parole en public. Je l’ai surmontée avec Acosphère, une entreprise qui gagne à être connue. Je me suis rendu compte lors du processus que j’aimais énormément cela, et que j’avais un potentiel intéressant en la matière. C’est avec un plaisir réel que j’ai donc rejoint Acosphère en tant que consultant.
Cette aventure aujourd’hui se poursuit avec de nouvelles opportunités. L’année dernière par exemple, je me retrouve à modérer la visite du président français Emmanuel Macron. Inimaginable il y avait encore trois ans. Et je suis sûre quand nous avons cette conversation dans dix ans des choses auront changé. Mais deux choses sont sûres, elles auront changé en mieux, et chaque nouvelle étape contribuera à rendre le monde et les personnes meilleurs.
Lorsque vous êtes surpris par un contexte inhabituel ou incertain, que pensez-vous ?
La réaction varie selon que le contexte est positif ou négatif.
Dans le cas où l’inhabituel ou l’incertain serait négatif, deux principes me guident. La première est que nos vies se déroulent de l’intérieur vers l’extérieur. Nous ne choisissons pas tout ce qui arrive autour de nous, mais nous pouvons contrôler la manière dont les choses nous affectent et notre façon d’y réagir. Ce peu de contrôle peut être salutaire lorsque tout semble partir en vrille.
Quand ces situations surviennent donc, la première chose après l’évaluation des dégâts subis ou des risques encourus, est de voir les systèmes internes qui ont failli Qu’aurais-je pu faire différemment ? ou plus tôt ? Ces réglages internes évitent de laisser en place des systèmes qui continueraient à créer plus d'incertitude ou d’aléas. Vient ensuite la question de ce que je peux faire à mon niveau maintenant. Que fait-on pour limiter les dégâts, amoindrir les risques, réparer ce qui peut l’être ?
Ma seconde réaction est en lien avec la première, mais surtout avec le fait que je suis une chrétienne. Au cœur de la crise, il est important pour moi de me rappeler que tout finira bien. Je suis sûrement encore jeune, mais au cours de mes quelques années de vie, j’ai eu le temps de confirmer à plusieurs reprises cette assertion qui est devenue une croyance très forte en moi.
Oui, les crises, les incertitudes ou les malaises, s’ils sont bien gérés, font avancer, améliorent les personnes et les systèmes.
Mais lorsque l’on est au cœur de la tempête, on l’oublie souvent. La tentation est grande de se recroqueviller ; d’essayer à tort de préserver des acquis qui ne demeureront pas. On peut aussi tomber dans le blâme, l’accusation, la culpabilisation voire la victimisation. Des moyens court-termistes qui ne marchent pas, nous ralentissent, nous font passer à côté des opportunités de croissance. Il est donc primordial de garder le cap et de se rappeler constamment que cela finira bien.
Si l’incertain ou l’inhabituel est positif, l’équation est plus courte à résoudre, mais également plus difficile à mettre en œuvre. Les situations incertaines ou inhabituelles qui constituent des opportunités, contrairement aux menaces ne durent pas dans le temps.
Dans ces cas, ce qu’il faut, c’est le courage de les saisir. Il faut garder à l’esprit, que la pire chose qui peut arriver lorsque l’on essaie de faire quelque chose de nouveau, de bon, c’est que l’on échoue. Dans la plupart du temps, l’échec vous ramène à votre situation initiale, rarement plus bas. Vous avez donc tout à gagner à sortir de sa zone de confort, à essayer cette chose. Et généralement le résultat est bien au-dessus de la moyenne. Donc je ce que pense dans ces situations, c’est que j’ai tout intérêt à essayer.
D'après votre expérience, quel est le facteur clé de succès pour une femme leader / manager ?
Je ne pense pas qu’il y ait un seul facteur, mais un faisceau de facteurs. Leur adoption dépendra ensuite du temps et des circonstances dans lesquelles se trouve la manager.
Mais si je devais choisir un seul facteur, il serait celui de l’engagement. Il faut être déterminé à bien faire son travail. Ce facteur qui n’est pas spécifique qu’aux femmes il est un gage d’excellence et de croissance pour tout dirigeant.
C’est grâce à l’engagement que l’on s’assure d’avoir les compétences nécessaires à l’accomplissement de son travail.
C’est grâce à l’engagement que l’on fait le pas supplémentaire qui vous sort de la masse.
C’est grâce à l’engagement qu’on érige le progrès en une norme interne.
Le second facteur est une combinaison de compétence et d’un cadre clair connu de l’ensemble des équipes. Ces deux choses facilitent la mise en place de l’autorité qui peut être assez complexe à asseoir quand en tant que dirigeant, vous êtes jeune et que vous êtes une femme.
Ils sortent les débats du domaine personnel, et favorisent le respect et l’engagement des équipes dirigées.
Un manager compétent fait des retours justes et gagne le respect de la plupart des membres de son équipe. Le cadre clair permet d’établir les normes et principes de collaboration et les limites à sauvegarder. Les rapports, surtout quand ils deviennent complexes, ne sont jamais personnels. Il s’agit juste de l'application de conventions communes connues de tous.
Trop impersonnel, diront certains ; mais très utile, eu égard au biais d’émotivité généralement accolé aux femmes.
Le troisième facteur que je pense important est celui des valeurs. Pour aller loin, chaque femme doit adhérer à des valeurs qui lui correspondent et s’efforcer de les suivre. Ces valeurs servent de piliers dans les temps difficiles, mais surtout de ligne directrice, mais également d’identité et de marque. Elles définissent le type de manager que nous sommes en tant que femme et déterminent le type de parcours que nous pouvons avoir.
